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L’analyse de la requalification des espaces riverains est exécutée dans un premier temps par ses stratégies ainsi que ses principes de développement. Les stratégies auxquelles les auteurs portent une attention particulière sont le partenariat public-privé, le développement par division des tâches et l’organisme décisionnel indépendant et peuvent être, selon eux, des formules gagnantes en ce qui a trait à la réussite des réaménagements de ces espaces. Les principes identifiés découlent de l’analyse des résultats d’une conférence globale ainsi que d’un organisme dédié à la planification, au design et au partage du savoir concernant les espaces publics.

 

Stratégies de développement

 

Le partenariat public-privé est une stratégie de développement général qui, comme l’indique son nom, combine le secteur public et privé, dans laquelle il est possible d’obtenir les avantages propres à chacun pour créer une situation que Hoyle et Huang (dans Huang, Chen, Kao, Chen, 2011, p.383) définissent comme gagnant-gagnant. Le secteur public par exemple peut être avantageux au niveau des compétences, des lois et des configurations urbaines tandis que le secteur privé est plutôt avantageux en termes de financement plus souple et d’efficacité de travail.  Cette stratégie de développement est particulièrement profitable et devient presque même inévitable en ce qui a trait au développement des espaces riverains en milieu urbain surtout en raison des énormes quantités d’investissement qu’il requière et aux longues périodes sur laquelle il s’échelonne. «These costs make the projects unattractive to the private sector, since it takes years before political consensus is reached and land is ready for building. Substantial government start-up grants were required for most waterfront projects in the 1970s […]. Many agencies therefore pursued investment by developers using some form of public–private partnership» (Gordon, 2001, p.16388). 

Ce type de partenariat possède plusieurs atouts intéressants autant pour le gouvernement, les investisseurs que la société : il permet d’être compensé lors d’investissements publics insuffisants, d’améliorer les normes de service public, d’apporter des opportunités d’investissement, de partager les risques plus raisonnablement, etc. Néanmoins, les partenariats public-privé peuvent être constitués de différents types et combinaisons (Huang, Chen, Kao, Chen, 2011).

 

Huang, Chen, Kao et Chen s’attardent justement sur un concept de développement par division des tâches. C’est une méthode de planification impliquant un partenariat entre le public et le privé mais qui devient par la suite partagée. C’est-à-dire, les plans de développement sont bien sûr basés sur des plans directeurs mais sont ensuite divisés en secteurs plus détaillés. Cette division permet de former des unités de développement ayant chacune leur propre organisme de développement. Elles possèdent toutes des fonctions différentes dans le développement de la rive et permettent de recueillir un total de fonds maximal selon certains besoins spécifiques. Selon les auteurs, les quatre types d’organismes de développement sont : les organismes publiques – ayant, par exemple, les rues, les parcs et les quais comme unités de développement-, les entreprises publiques – ayant les opérations portuaires et l’énergie électrique-, les organisations de santé publique – ayant la protection environnementale, les musées et le bien-être sociale- ainsi que les entreprise privés – ayant le résidentiel, les édifices à bureaux et les centres commerciaux (Huang, Chen, Kao, Chen, 2011). «It is expected by using this method that the development can obtain optimized benefits and the lowest risks» (Huang, Chen, Kao, Chen, 2011, p.389). Ce concept permet de simplifier les systèmes d'aménagement du secteur riverain complexes et son application peut effectivement aider à trouver une meilleure formule de partenariat public-privé (Huang, Chen, Kao, Chen, 2011).

 

Une autre stratégie de développement est avancée par Hendee Brown. La présence de plusieurs acteurs d’influence dans la planification des requalifications riveraines complexifie et ralentie de manière importante le développement. Des conflits entre les différentes visions des ministères et paliers de gouvernement, celles des promoteurs immobiliers et propriétaires terriens, ainsi que celle des communautés locales et de la ville surviennent. Pour accélérer le développement et concilier les différentes visions, on met en place un organisme décisionnel indépendant. Celui-ci est constitué de professionnels provenant des milieux publics et privés et comporte plusieurs avantages. Il permet de donner une vision unique et une opinion claire sur les intentions d’aménagement. De plus, par son caractère professionnel et en prônant de grands principes d’intégration dans son discours, il contribue à une meilleure acceptation du projet par la population et les secteurs publics et privés. De surcroit, son pouvoir décisionnel est accru par le fait que son cadre décisionnel est moins bien défini. En effet, il n’est pas sujet au limite d’endettement, ni au contraintes au niveau du personnel auquel serait sujet un organisme public. En outre, les règles, lois, pratiques et procurations se rapportant à son activité sont flous et laissent place à une grande marge de manœuvre. Ses activités peuvent notamment échapper aux divisions administratives existantes, lui permettant de mieux travailler sur des projets entre plusieurs villes, états et même pays.

 

Principes de développement

 

  • À partir des 10 principes pour un développement durable de espaces riverains en milieu urbain approuvés dans le cadre de la conférence URBAN 21 à Berlin en juin 2000 et des articles de l’organisme Project for Public Spaces sur le sujet, cinq critères à considérer lors de la requalification de ce type d’espace ont été relevés. Ces critères—identité, usages, accès, gestion et environnement—comportent chacune plusieurs principes de développement. Ces principes touchent des problématiques communes aux exemples étudiés—notamment Toronto, Copenhague, Tampa, San Francisco, San Diego, Philadelphie et Camdem—et sont en accords avec les conclusions des analyses de chacun des cas. (Brown, 2009 ; Jorgensen 2007 ; Lehrer 2008)

  • L’identité du développement riverain caractérise le projet.

 

  • La requalification implique la population locale. Une vision et des objectifs locaux sont développés pour le projet. A contrario, une vision purement économique avec des bénéfices externes à court et moyen terme est dissuadée. Le but est de stimuler un engagement communautaire pour favoriser un sentiment d’appartenance chez la population locale, des alentours, puis de la ville. Ce sentiment d’appartenance est magnifié par la diffusion dans l’espace riverain de productions culturelles locales comme de l’art publique, de la musique ou du théâtre.

 

  • Les nouveaux développements intègrent l’existant. Une sensibilité aux quartiers existants et le dialogue entre ceux-ci et les nouveaux développements intensifient l’appropriation de la rive. Le tissu urbain existant pris en compte catalyse le développement local et la vitalité des activités riveraines.

 

  • Le caractère historique qualifie l’espace riverain. L’histoire personnalise l’endroit.  Les traditions locales en particulier s’intègrent à la requalification. De plus, la forme et la fonction d’origine du site, pourvu qu’ils ne s’accompagnent pas de nuisances importantes, sont préservées et mises en valeur.

 

  • Le projet profite d’un réseau international de professionnels et spécialiste.  Le sujet de la requalification de l’espace riverain profite de l’échange du savoir et des pratiques de professionnels de disciplines multiple, et ce, au niveau mondial. L’analyse de projets complétés, spécialement dans leurs objectifs et leur planification, offre de l’information riche et utile.

 

  • Le choix d’une icône, architecturale ou paysagère, donne une image forte de l’espace riverain. Cette icône, pouvant être un bâtiment phare—pas nécessairement une tour—ou un élément fort du paysage constitue une accroche de projet et oriente son développement. Une image de marque peut être développée, pourvu qu’elle souligne un élément intégrant et actif de la vie riveraine.

 

  • Les usages incorporés dans le projet activent l’espace riverain.

  • Déterminer des destinations spécifiques et complémentaires structure le projet. Ces destinations, identifiées au début de la planification comme des points d’attraction se positionnent le long de la rive. Cette logique d’établissement se concentre sur des points spécifiques, des noyaux d’activités concrets, plutôt que sur des espaces ouverts ou des parcs. Divers usages investiront graduellement ces destinations durant la requalification.

  • La mixité crée l’activité urbaine. Celle-ci doit être réalisé au niveau fonctionnel—résidence, parc, culture, loisir, commerce, bureau— administrative—institutions publiques, propriétaire privé—et sociale—classes sociales diverses. Plus la mixité est présente à petite échelle et plus le niveau d’activité augmente. Des quartiers monofonctionnels qui, lorsque connectés entre eux, pourraient être considéré comme un ensemble mixte réduisent singulièrement l’intensité des activités riveraines.

 

  • Les espaces publics dépendent des bâtiments qui les entourent. Ces bâtiments doivent participer activement aux espaces qui les entourent en offrant une grande variété de services et en s’investissant dans ces espaces tout en les caractérisant. Les usages publics et commerciaux sont particulièrement intéressants pour activer les espaces publics. Ceux-ci doivent être d’une qualité élevée pour assurer leurs usages fréquents.

 

  • L’espace riverain gagne à intégrer des usages qui permettent une activité continue. Cette continuité implique non seulement les heures du jour et de la nuit mais aussi les saisons de l’année. Étant donné que les activités de nuits comportent certaines contraintes, il est important de bien positionner les fonctions résidentielles par rapport aux usages nocturnes. L’activité peut être crée par des festivals, des marchés, des feu d’artifice, des concerts ainsi que d’autres grands rassemblements.

 

  • Le développement riverain a besoin de flexibilité. Le projet doit s’adapter aux différents utilisateurs de l’espace riverain. Aussi, considérant que les espaces riverains—particulièrement ceux connectés à un fleuve, une mer, un golf ou un océan—sont  souvent sujet à de forts vents. Il est important d’adapter ces espaces pour les rendre confortables.

 

  • Les équipements publics sont au cœur de l’aménagement. Que ce soit par leur emplacement ou leur intégration, ils influencent le confort et l’appropriation de la rive. Un banc ou une poubelle bien placée peuvent faire la différence. L’éclairage des espaces est aussi très important, spécialement dans l’optique de conserver une intensité d’activité la nuit. Les activités influencent le choix des équipements.  Par exemple, une scène démontable avec des chaises pliables, des parasols, des jeux peuvent être prévus. L’avantage des équipements démontables et portables est que le seul équipement fixe nécessaire est un espace de rangement.

 

  • L’activité sur la rive est tributaire de l’accès à celle-ci.

 

  • La rive doit être accessible au plus grand nombre de gens. Elle ne doit pas être uniquement accessible physiquement mais aussi visuellement. L’accès doit être pensé pour les résidents, les handicapés et les touristes de tout âge et de toute origine.

 

  • Les espaces doivent être connectés et les liens avec la rive doit être continu. Une rupture du lien avec la rive est difficile à gérer correctement et amène souvent une baisse de l’intensité des activités au point de rupture et aux alentours. Le lien continu avec la rive permet aussi de connectés les destinations préconisée précédemment et leur concentration d’usages.

 

  • Les modes de transports sur la rive et pour accéder à celle-ci devraient être variés, intégrés et d’importance hiérarchisée.  La voiture devrait avoir un accès limité au réaménagement. Son accès ne doit cependant pas être supprimé puisque cela nuirait à l’intensité des activités riveraines. Les déplacements à pied, à vélo, en bateau et en transport en commun devraient être priorisé. Il est important de ne pas oublier l’accès des commerces par camion puisqu’il est indispensable à ces usages en raison des livraisons.

 

  • La gestion du développement influence le succès de requalification de la rive.

 

  • La requalification de la rive est un processus graduel. Les projets de requalification de rive incluent souvent sur de grandes superficie et se déroulent sur le long terme s’échelonnant sur parfois plus d’une décennie. De ce fait, il est important de permettre une requalification graduelle, divisé en petites étapes. Par ce processus, il est plus facile de tester les aménagements en place et d’ajuster les étapes postérieures selon les conclusions tirées. De plus, un développement graduel confirme à la population locale qu’un changement est en cours et que son opinion est prise en compte ce qui contribue à l’appartenance du lieu.

 

  • La requalification de la rive est un processus continu. Il est important d’y impliquer les nouveaux acteurs de la rive de sorte qu’ils s’investissent dans sa gestion à long terme et contribuent, une fois le projet de requalification terminé, au maintien des activités riveraines ainsi qu’aux futurs projets qui y seront développés.

 

  • Le caractère environnemental est inhérent à la rive.

 

  • La présence de l’eau est l’assise du projet. L’interaction avec celle-ci doit donc être maximisée. Que ce soit par la nage, la pêche, l’incorporation d’aires de pique-nique, l’aménagement des quais, l’arrimage de bateaux ou la possibilité de nourrir les oiseaux, les activités en relation avec l’eau doivent être mises de l’avant. De surcroît, L’eau donne forme au projet. Elle doit être utilisée à des fins précises comme le transport, la culture et le loisir. La richesse des évènements, du paysage, de la nature présente près de l’eau donne une personnalité et une importance à la rive.

 

  • Les besoins humains et naturels s’équilibrent. Dans une perspective écologique, il est important de renforcer les liens entre l’activité humaine et la nature. Sauf s’il y a présence de contraintes majeures,  les berges naturelles doivent être restaurées et la qualité de l’eau, de la faune et de la flore marine ainsi que de l’environnement naturel doivent être amélioré et maintenue. 

Stratégies et principes de développement

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